L’isolement pour cause de covid-19 en établissement médico social

Les dilemmes éthiques posés par la crise sanitaire sont nombreux. Dans les établissements médico sociaux, les EHPAD ou tout lieu d’hébergement, les risques de contamination à l’ensemble des personnes hébergées sont plus importants. De plus, ce sont souvent des lieux qui accueillent des personnes fragiles, à risque de développer des formes graves de la maladie. En certaines occasions, pour éviter la propagation du virus, des restrictions des libertés importantes sont mises en place pour protéger les personnes. C’est notamment le cas lorsqu’on isole une personne symptomatique ou positive à la covid afin d’éviter quelle ne contamine les autres membres de la collectivité. 

Pour certaines personnes, du fait d’atteintes cognitives comme dans la déficience intellectuelle ou certaines maladies neuro dégénératives, l’isolement est plus difficile encore. 

Que faire dans ces cas là pour essayer d’améliorer la situation de ces personnes placées en isolement ?  

Comment éviter les dérives potentielles de l’isolement et de la contention  ? Comment améliorer la qualité de vie des personnes durant le temps d’isolement pour raison de covid-19 ?

Eléments de définition

Selon la HAS, l’isolement se définit comme : 

Le placement du patient à visée de protection, lors d’une phase critique de sa prise en charge thérapeutique, dans un espace dont il ne peut sortir librement et qui est séparé des autres patients. Tout isolement ne peut se faire que dans un lieu dédié et adapté

Haute autorité de santé

Isolement et contention en psychiatrie générale

Lors de la pandémie de covid-19, des mesures d’isolement doivent être mises en place afin de séparer des autres les personnes contagieuses ou qui présentent des symptômes. Ces consignes émanent des autorités compétentes dans le champ de la santé et doivent être appliquées dans les ESMS. Leur but est de ralentir ou stopper la propagation du virus et protéger les personnes hébergées dans le cadre de la collectivité.

La déficience intellectuelle engendrant des difficultés parfois importantes de compréhension des règles et de l’environnement qui entoure la personne, des mesures restrictives peuvent être prises sans le consentement de la personne afin de l’isoler :

  • Fermer sa chambre à clé (contention mécanique);
  • Mettre en place un traitement à visée sédative (contention chimique);
  • Ces contentions mécaniques ou chimiques peuvent être mise en place en dernier recours pour éviter à la personne de se blesser et uniquement sur prescription médicale.

Le consentement au confinement volontaire doit être systématiquement recherché chez la personne, sa tutelle, sa famille ; mise en place d’un protocole personnel et adapté avant d’être imposé (avis du CCNE 30-03-2020).

IMPORTANT
Aucun isolement ne peut être mis en place sans l’aval d’un médecin.

Mise en place de l’isolement

  • L’isolement a une date de fin précise (normalement 7 jours au maximum). La durée de l’isolement doit être expliquée à la personne avec des outils spécifique de mesure du temps si nécessaire;
  • Un traitement à visée sédative peut être prescrit si la personne est en souffrance. La famille et/ou le responsable légal est informé de la mise en place du traitement. Si le traitement est donné pour atténuer les effets de l’isolement, il a également une date de fin précise. Aucun traitement mis en place pour rendre l’isolement plus supportable ne saurait perdurer au-delà de la durée de l’isolement;
  • Un passage en chambre toutes les 2 heures est nécessaire pour surveiller l’état de la personne. L’objectif de ces passages est aussi bien une surveillance générale de l’état de santé de la personne que pour éviter la solitude. Une fiche de suivi est mise en place;
  • Le professionnel reste quelque temps avec la personne sauf si la personne émet le souhait de rester seule. Il peut proposer des petits exercices de yoga, de gym douce, pour limiter les effets indésirables de l’isolement et du confinement;
  • Une explication sur l’isolement est systématiquement donnée à la personne et un professionnel répond à ses questions lorsque la personne peut s’exprimer. Des outils d’explication adaptés doivent être utilisés (FALC, picto, déroulement…);
  • Une écoute psychologique peut être mise en place pendant l’isolement ou à la sortie de l’isolement si la personne le demande.

Contres indications

  • Jamais pour punir, infliger des souffrances ou de l’humiliation ou établir une domination;
  • En aucun cas pour résoudre un problème administratif, institutionnel ou organisationnel, ni répondre à la rareté des intervenants ou des professionnels;
  • Ne peut être autorisé que par un médecin après une évaluation individuelle (aucune autorisation générale ne saurait être admise);
  • Réflexion bénéfices-risques à mener lorsqu’il existe des risques liés à l’état somatique du patient, une affection organique dont le diagnostic ou le pronostic peut être grave;
  • État clinique ne nécessitant pas une contention.

Points de vigilance et conséquences psychologiques

  • Une attention particulière doit être portée envers les personnes manifestant une fragilité psychique au préalable;
  • Une attention particulière doit être portée envers les familles. L’isolement pouvant venir générer un sentiment d’impuissance et de désolation;
  • Attention également envers les autres personnes hébergées qui ne sont pas en isolement mais qui peuvent être interpelées par le processus;
  • Une attention particulière doit être portée aux équipes de professionnels qui peuvent être mises à mal dans ce type de situation (sentiment de culpabilité possible, ruminations…).
  • Une attention particulière doit être portée envers les personnes à tendance claustrophobe, au-delà d’un probable ajustement médicamenteux, et selon les cas, il est possible de proposer une veilleuse permanente et une fenêtre entrouverte;
  • Une attention particulière doit être portée envers les personnes qui ont, dans leur passé, un vécu de maltraitance qui pourrait, dans un contexte de contention se réactiver psychologiquement;
  • Les conséquences psychologiques de l’inquiétude sur sa propre santé (car potentiellement contaminé !) peuvent générer des angoisses, une somatisation, des troubles de l’appétit, du sommeil, un sentiment dépressif.

Ressources en Facile à Lire et à Comprendre (FALC)

Voici deux documents en facile à lire et à comprendre pour expliquer la notion d’isolement aux personnes ayant des difficultés de compréhension.

Le premier est un document qui concernent les personnes vivant en institution.

Le second est un document à destination des personnes vivant à leur domicile.

Cliquez sur la première image puis faites défiler les autres avec les fèlches. Le numéro des pages apparait en bas à droite sous les images.

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Télécharger les FALC en format PDF

Vous pouvez télécharger les documents en FALC présentés ci-dessus en cliquant sur les boutons en dessous. 

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Références :




Le harcèlement scolaire chez les personnes autistes

L’inclusion, c’est le droit à l’éducation pour tous, y compris pour les enfants en situation de handicap. Ces dernières années, les politiques publiques ont mis l’accent sur la nécessité que de plus en plus d’enfants qui jusque-là n’avaient pas accès à l’école, puissent bénéficier des mêmes enseignements, sans discrimination.

Cela modifie la nature du public accueilli et peut occasionner des inquiétudes, de l’incompréhension voir du rejet des enfants en situation de handicap.Parmi les différents handicaps, les enfants autistes peuvent être particulièrement à risque concernant les discriminations de tous types et le harcèlement.

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Copie de Copie de Copie de Quelques maladresses...

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Ces enfants ayant de faibles compétences sociales et peu d’amis sont marginalisés et non protégés au sein du groupe social et sont vulnérables à l’abus de pouvoir par leurs pairs (Delfabbro et al. 2006).

Le harcèlement

Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.


La violence

C’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes.


Le répétitivité

Il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période.


L’isolement

La victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, et dans l’incapacité de se défendre.

Quelques exemples de harcèlement

  • Se moquer d’une personne ou plaisanter d’elle à ses dépends
  • Ignorer quelqu’un ou le laisser de côté
  • Pousser, tirer, frapper, donner des coups de pied ou tout autre acte physique
  • Colporter des rumeurs au sujet d’une personne
  • Menacer quelqu’un
  • Obliger une personne à participer à des jeux dégradants ou humiliants contre son consentement ou sans s’assurer de son consentement

Le cyber-harcèlement

Le cyber-harcèlement est défini comme « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ».
Le cyber-harcèlement se pratique via les téléphones portables, messageries instantanées, forums, chats, jeux en ligne, courriers électroniques, réseaux sociaux, site de partage de photographies etc.

Le harcèlement sexuel

Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers.

Les signaux d’alerte du harcèlement

Vous pensez que votre enfant est harcelé ? Voici les signaux d’alerte à surveiller :

  • S’il revient souvent de l’école avec les vêtements abîmés, sales, s’il manque des vêtements, des livres, des objets personnels régulièrement
  • Il sèche les cours, trouve des excuses pour ne pas aller en cours ou que ses résultats scolaires chutent brutalement
  • Il est plus anxieux que d’habitude ou il n’était pas anxieux et le devient
  • Il est déprimé ou moins joyeux qu’à l’accoutumée, il semble préoccupé ou triste
  • Il a davantage de difficultés à se concentrer
  • S’il a souvent des bleus, des égratignures, des blessures plus ou moins importantes et qu’il n’explique pas comment il s’est fait ca
  • Vous observez plus d’intensité dans ses comportements répétitifs
  • Il est plus irritable, a davantage de comportements défis sans que vous en trouviez la cause

Difficulté à repérer ces signes chez les enfants autistes
Ces signes d’alerte ne sont pas toujours faciles à évaluer dans le cas des enfants autistes car beaucoup ont par exemple des troubles déficitaires de l’attention et ont déjà des difficultés de concentration, ou sont anxieux régulièrement.

Vous connaissez bien votre enfant, fiez vous aux changements que vous pourrez observer.

Les conséquences du harcèlement scolaire sur les enfants autistes

Une recherche a montré un lien de dépendance entre le degré de harcèlement et l’apparition de difficultés ou de problèmes de santé mentale comme l’anxiété, l’hyperactivité, les stéréotypies et comportements d’auto-agressivité.

Ces résultats concordent avec la littérature internationale sur cette thématique, qui indique que les enfants qui sont victimes de harcèlement sont plus susceptibles que leurs pairs de présenter divers problèmes de santé mentale, qu’ils soient internalisés ou externalisés (Delfabbro et al.2006; Grills et Ollendick 2002; Haynie et al.2001; Mitchell et al.2007; Nansel et al.2001, 2003, 2004; Ybarra et Mitchell 2004, 2007). Le harcèlement est stressant pour les enfants autistes et a un impact négatif sur le concept de soi. Ces deux éléments sont associés à des problèmes de santé mentale (Grills et Ollendick 2002; Marsh et al. 2001; Nansel et al. 2004; O’Moore et Kirkham 2001).

Au delà des troubles que cela entraîne au niveau de la santé mentale et physiologique, le harcèlement peut aussi conduire les enfants à refuser d’aller à l’école. Comme l’explique Tony Attwood, le refus scolaire aura un effet négatif sur le développement scolaire et social et peut conduire un élève à abandonner complètement l’école. Cela aura des conséquences sur l’emploi futur et créera un besoin de prestations et d’accompagnement spécifique. Les comportements associés au refus d’école sont également stressants pour les parents et les frères et sœurs, et préoccupent l’école et les enseignants.

Un rapport de 2011 du ministère de l’éducation nationale pointe les conséquences du harcèlement sur la santé physiologique pour tous les enfants, pas seulement ceux qui sont autistes. Ainsi cela peut se traduire par des vomissements, évanouissements, maux de tête, de ventre, problèmes de vue, insomnie et de faiblesse du système immunitaire. Certaines victimes peuvent développer des troubles du comportement, souffrir de troubles alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie.

L’enfant peut aussi développer un trouble anxio-dépressif pouvant aller jusqu’à une conduite suicidaire car un sentiment de désespoir, chez un enfant fragilisé par une situation qu’il juge insurmontable, peut conduire à un passage à l’acte suicidaire.

J’étais un jeune enfant autiste asperger non diagnostiqué et j’ai subi le harcèlement scolaire sévère durant deux longues années. Tout d’abord en 6ème dans un collège privé du Nord-Isère, puis en 3ème dans un collège public. À chaque fois, le phénomène est monté crescendo.
Pendant les premiers mois, c’était des insultes, puis du vol de matériel souvent en plein cours et enfin des violences physiques et ce, tous les jours.

Timothé Nadim
Personne autiste

Solutions et ressources pour lutter contre le harcèlement scolaire des enfants autistes

Les adultes doivent faciliter des relations saines entre les enfants. Les parents et les enseignants, ainsi que tous les autres adultes impliqués avec les enfants, doivent travailler à la création d’environnements positifs pour promouvoir des interactions positives avec les pairs et minimiser le potentiel d’interactions négatives avec les pairs comme l’intimidation et le harcèlement (Cummings et al. 2006).

Les activités sociales chez les enfants peuvent mettre en place une dynamique de groupe positive (inclusion, bienveillance, etc.) ou une dynamique de groupe négative (exclusion, agressivité, etc.). Il est important que les adultes structurent la vie des enfants de manière à ce que les comportements agressifs et d’intimidation ne puissent pas se développer ou prospérer (Pepler et Craig 2007). Par exemple, lorsque des équipes sont choisies pour des sports, il est préférable d’affecter des enfants à des équipes plutôt que de choisir des capitaines d’équipe et de leur permettre de choisir d’autres enfants car cela contribue à ce que les enfants marginalisés soient généralement exclus.

Lorsque les pairs se rassemblent pour regarder un épisode de harcèlement, l’épisode a tendance à durer plus longtemps car le harceleur est renforcé par l’attention des autres (O’Connell et al., 1999).

Si des pairs interviennent, cependant, l’épisode d’intimidation s’arrêtera immédiatement plus de 50% du temps (Fekkes et al. 2005; Hawkins et al. 2001).

Voici quelques ressources pour sensibiliser au harcèlement scolaire. Certaines sont dédiées spécifiquement à l’autisme, d’autres non.

Une infographie sur le harcèlement scolaire chez les personnes autistes que j’ai réalisé (format A4, peut être téléchargée et imprimée facilement pour des actions de sensibilisation):

Vous pouvez télécharger l’infographie ici :


Télécharger l’infographie

Ou la retrouver sur Pinterest.

Un article que j’ai rédigé sur le harcèlement scolaire chez les étudiants autistes.

Une vidéo qui aborde le harcèlement sexuel à l’école. Elle est plutôt destinée à un public de collégiens ou lycéens.

https://www.youtube.com/watch?v=g-dI_RFSFbc

Deux vidéos sur le harcèlement des enfants autistes (tout public).

https://www.youtube.com/watch?v=HYnijTG9pMwhttps://www.youtube.com/watch?v=TIHsbwqhzBQ


Un guide à destination des élève, réalisé par la Fédération Québécoise de l’Autisme  :


Télécharger

Références :

Cappadocia MC, Weiss JA, Pepler D. Bullying experiences among children and youth with autism spectrum disorders. J Autism Dev Disord. 2012;42(2):266-277. doi:10.1007/s10803-011-1241-x

Le site internet « non au harcèlement »

Van Schalkwyk G, Smith IC, Silverman WK, Volkmar FR. Brief Report: Bullying and Anxiety in High-Functioning Adolescents with ASDJ Autism Dev Disord. 2018;48(5):1819-1824. doi:10.1007/s10803-017-3378-8