Autisme et expressions faciales
Les expressions faciales sont des facilitateurs de communication lors des interactions. Par exemple, un sourire peut montrer l’intérêt de la personne pour un sujet de conversation, un froncement de sourcil, de l’empathie. Une méta-analyse de 39 études, publiée en décembre 2018 montre que les personnes autistes ont des difficultés à produire et comprendre les expressions faciales.
Il y a actuellement beaucoup d’études sur le manque de compréhension des expressions faciales par les personnes autistes, mais peu d’études qui traitent de la difficulté qu’ont les personnes autistes à produire une expression faciale appropriée au contexte.
L’étude menée par E. Birmingham
montre que les personnes ont plus de difficultés à faire des expressions
spontanées. Mais c’est une donnée difficile à évaluer car les situations sont
recrées artificiellement. Des nouvelles technologies pourraient aider les
chercheurs à mesurer les expressions faciales des personnes autistes dans la
vie réelle.
La méta-analyse porte sur 39 études réalisées entre 1981 et 2017 pour un total de 684 personnes autistes et 674 sujets contrôles. Afin de pouvoir comparer entre elles des études mesurant différemment les expressions faciales, les chercheurs les ont réparti en 7 catégories.
Il en résulte que les personnes
autistes de ces études sont moins expressives que les sujets contrôles. Ils
mettent moins souvent en œuvre des expressions et le font de manière
ponctuelle. Ils ont aussi moins tendance à imiter inconsciemment le regard
d’autrui ou d’utiliser leurs expressions faciales pour faciliter l’échange.
Cependant les personnes autistes font autant de sourires et froncent autant les sourcils que les sujets contrôles. Elles montrent également des réactions faciales aussi rapides que les contrôles lorsqu’elles sont soumises à des stimulis sensoriels, comme une odeur forte.
Plus les participants d’une étude
sont âgés moins il y a de différences avec les sujets contrôles. C’est aussi le
cas pour les personnes autistes ayant un QI dans la moyenne normale
comparativement avec ceux ayant un QI plus bas.
Avec l’avancée en âge et un haut fonctionnement intellectuel, les personnes avec autisme peuvent développer des stratégies de compensation pour produire des expressions faciales plus typiques
dit Birmingham.
Les différences sont plus grandes pour les expressions spontanées que pour celles que les participants sont invités à faire.
Les personnes autistes montrent plus d’expressions faciales lorsqu’elles parlent de leur sujet d’intérêt spécifique ou de leur jouet préféré. C’est une information intéressante pour pouvoir travailler les expressions faciales avec les personnes autistes en partant des expressions qu’ils manifestent plus spontanément pour généraliser vers d’autres contextes de communication.
Les résultats illustrent pourquoi
il est difficile d’étudier la production d’expressions faciales et déterminent
ce qui les rend efficaces en tant qu’outils de communication. Il est en réalité
bien difficile de mesurer objectivement une expression faciale et de déterminer
si elle a fonctionné dans son rôle de communication.
Sur ce point, les nouvelles
technologies devraient permettre une amélioration et notamment en formant un
ordinateur à reconnaitre les muscles faciaux qui génèrent les expressions. Ce
système est plus précis dans son analyse
des expressions faciales des enfants autistes que les humains. Par
exemple, il peut évaluer si une expression traduit clairement l’émotion
recherchée.
Un être humain est limité dans la détection de mouvements infinitésimaux – en particulier de la partie supérieure du visage
déclare le chercheur principal Marco Leo.
Référence :
People with autism sometimes give ambiguous looks, Spectrum News, Sarah Deweer, Janvier 2019