Le projet Chatounets : les troubles du sommeil

Le projet Chatounets : les troubles du sommeil

Les personnes autistes ont souvent des troubles du sommeil : elles ont des difficultés à trouver le sommeil et à le conserver.

Les personnes autistes sont sujettes aux insomnies, il leur faut en moyenne 11 minutes de plus que les personnes non autistes pour s’endormir, et beaucoup d’entre-elles se réveillent fréquemment et à plusieurs reprises durant la nuit. 

Le sommeil est aussi moins réparateur chez les personnes autistes, elles passent seulement 15 % de leur sommeil au stade des rapid eye movement contre 23 % pour les personnes non autistes. Le rapid eye movement est un stade du sommeil où interviennent les rêves et qui correspond au sommeil paradoxal.

Le manque de sommeil a des conséquences directes sur les personnes autistes et notamment sur leurs capacités sociales. Les enfants autistes qui souffrent de troubles du sommeil ont plus de comportements stéréotypés et performent moins bien aux tests d’intelligence. Ils ont également plus de difficultés à se concentrer.

Certaines solutions peuvent être mises en place assez facilement pour les enfants ou les adultes : établir une routine avant le coucher peut permettre de sécuriser ce moment de changement entre deux états (éveillé/endormi, jour/nuit) qui peut être inquiétant pour les personnes autistes et faciliter ainsi l’endormissement. Avoir des horaires d’endormissement et de réveil identiques permet de concrétiser cette routine et de rendre le début et la fin de la journée plus prédictible.

Les troubles du sommeil peuvent aussi être liés au système sensoriel de la personne. Un bilan de profil sensoriel peut être réalisé par un professionnel formé (généralement un ergothérapeute, psychologue, psychomotricien) afin de mettre en oeuvre des solutions adaptées : lumières tamisées ou inexistantes, diminution ou augmentation de la température de la pièce…

En dernier recours, des solutions médicamenteuses peuvent également être envisagées pour accompagner le sommeil. Cela ne peut être abordé qu’avec une analyse des bénéfices/risques pour la personne et avec un médecin spécialisé.


Source :

 Special reports : sleepness in the spectrum, Spectrum news, november 2013 



Les troubles du sommeil chez les enfants autistes

Cet article est une traduction libre d’un article de Spectrum News qui traite des problèmes de sommeil chez les enfants autistes : Autistic children’s sleep problems may stem from sensory issues by Nicholette Zeliadt  /  20 March 2019

Selon une nouvelle étude, une perception sensorielle accrue chez les jeunes enfants autistes prédit des problèmes de sommeil vers 7 ans environ 1.

Les résultats suggèrent que les sensibilités sensorielles interfèrent avec le sommeil chez les enfants autistes. Ils suggèrent aussi que  l’ajustement de ces sensibilités – comme la diminution du fond lumineux ou du bruit au moment du coucher, par exemple – pourraient améliorer les difficultés de sommeil des enfants.

 « Si vous entendez des bruits ou êtes vraiment dérangé par la lumière ou le toucher, il pourrait être plus difficile pour vous de vous endormir », déclare l’investigateur en chef Micah Mazurek, professeure associée en services à la personne à l’Université de Virginie à Charlottesville.

Avoir des troubles du sommeil peut aussi avoir des
conséquences à long-terme : l’étude suggère que les problèmes de sommeil
chez les tout petits enfants pourraient prédire des caractéristiques du Trouble
Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité.

Les problèmes du sommeil sont courants chez les personnes autistes. Une des plus vastes études qui s’intéresse à ce problème, a été publiée le 11 février dans la revue Pediatrics, et suggère que presque 80 % des enfants autistes âgés de 2 à 5 ans ont un sommeil perturbé 2. Les enfants autistes ont deux fois plus de chance d’avoir des problèmes de sommeil que les enfants typiques ou ceux avec d’autres conditions développementales.

Nous savons clairement que les enfants autistes présentent un risque élevé de problèmes de sommeil (…) Il est temps de passer à l’action, à la prévention et au traitement.

explique Brett Kuhn professeur de pédiatrie et de psychologie à l’Université du Nebraska à Omaha

Il n’a participé à aucune de ces études.

Les traqueurs du sommeil

Mazurek et ses collègues ont analysé les enregistrements issus du Autism Speaks Autism Treatment Network, un groupement de 12 centres académiques au États-Unis et au Canada qui assurent des soins médicaux aux enfants autistes. Ils se sont concentrés sur 437 enfants autistes qui ont d’abord visité un de ces centres quand ils avaient entre 2 et 10 ans et y sont retournés en moyenne 4 ans plus tard.

«Le plus gros avantage par rapport aux études précédentes
est l’énorme échantillon et le fait qu’ils ont suivi [les enfants] au fil du
temps», déclare Kuhn

Les cliniciens ont évalué les enfants autistes et mesuré leur quotient intellectuel (QI) durant la première visite et les a évalués pour d’autres conditions de santé lors des deux visites. Les parents ont complété des questionnaires au sujet des hypersensibilités sensorielles de leur enfant et d’autres comportements, comme la fréquence des problèmes de sommeil de leur enfant.

Les parents d’environ 70 % des enfants rapportent des problèmes
de sommeil lors de la première visite. Ces problèmes s’améliorent avec l’âge
pour presque 32 % des enfants, mais ils empirent au fil du temps pour environ
23 %.

Les difficultés de sommeil ne sont pas liées à l’âge de l’enfant, au genre ou au QI. Mais les chercheurs ont trouvé que les enfants qui ont fréquemment des troubles du sommeil ont tendance à avoir des parents avec un faible niveau d’éducation. Les résultats sont parus en janvier dans le Journal of Autism and Developmental Disorders.

Les chercheurs ont également constaté que les enfants typiques dont les parents sont riches et instruits dorment mieux que ceux issus de familles de statut socio-économique plus faible 3. Les parents à faible revenu peuvent avoir des horaires qui rendent difficile la routine du coucher, par exemple, ou qui manquent de ressources pour des chambres séparées et calmes.

Le prédicteur de problème

Mazurek et ses collègues ont utilisés un modèle statistique
pour identifier les prédicteurs et les conséquences des problèmes de sommeil.
Ils ont analysé séparément 166 enfants qui étaient âgés de 2 à 3 ans lors de
leur première visite et 271 enfants qui étaient âgés entre 4 et 10 ans, parce
que les questionnaires complétés par les parents variaient légèrement entre ces
deux groupes.

L’étude est à visée observatoire, donc elle ne peut pas
révéler la cause et l’effet. Mais comme les chercheurs ont suivi les enfants au
fil du temps, ils peuvent identifier l’ordre dans lequel les traits
apparaissent.

Dans le groupe des plus jeunes, les sensibilités
sensorielles lors de la première visite sont suivies de problèmes de sommeil
lors de la deuxième visite et les problèmes de sommeil sont suivis par une
inattention et une hyperactivité plus tard.

 «Si les enfants ne dorment pas assez, cela peut avoir des conséquences à long terme sur leur santé et leur bien-être physique»

explique Mazurek

Certains experts sont surpris que la nouvelle étude ne
montre pas que l’anxiété est un prédicateur des troubles du sommeil ou qu’il
résulte de problèmes de sommeil chez les enfants autistes. Une autre étude
publiée en janvier a révélé que l’anxiété prédit les problèmes de sommeil et
inversement chez les enfants typiques âgés de 2 à 8 ans 4.

Les problèmes de sommeil et l’anxiété sont fréquents chez les enfants autistes et peuvent être liés, explique Ann Reynolds, professeure agrégée de pédiatrie à l’Université du Colorado à Aurora; Reynolds n’a pas participé aux travaux, mais a dirigé l’étude sur la pédiatrie.

« Si vous ne dormez pas suffisamment, vous serez probablement plus anxieux et si vous êtes plus anxieux, vous aurez probablement plus de difficulté à vous endormir »

explique Reynolds

Prises ensemble, les nouvelles études soulignent l’importance d’aider les parents à gérer les problèmes de sommeil de leurs enfants, dit Mazurek. Elle et ses collègues testent une thérapie comportementale pour les enfants autistes souffrant d’insomnie; la thérapie enseigne aux familles des stratégies pour minimiser l’anxiété et les sensibilités sensorielles des enfants.

  1. Mazurek M.O. et al. J. Autism Dev. Disord. Epub ahead of print (2019)
  2. Reynolds A.M. et al. Pediatrics Epub ahead of print (2019)
  3. El-Sheikh M. et al. Child Dev. 81, 870-883 (2010)
  4. Uren J. et al. Eur. Child. Adolesc. Psychiatry Epub ahead of print (2019)

Référence :

Cet article est une traduction libre d'un article de Spectrum News : Autistic children’s sleep problems may stem from sensory issues by Nicholette Zeliadt  /  20 March 2019