Le paradoxe de la solitude chez les personnes autistes

Être seul ca n’est pas que vivre sur une île déserte, c’est être entouré de personnes et ne pas savoir comment entrer en relation avec elles.

Le paradoxe de la solitude chez les personnes autistes est qu’elle est à la fois recherchée et peut en même temps devenir une souffrance.

Tony Attwood explique que les déficits dans les interactions sociales ne sont pas visibles lorsque la personne est seule. Les déficits de communication sont également peu visibles et la personne autiste seule peut s’adonner à ses intérêts spécifiques sans avoir à se préoccuper de savoir si cela convient à autrui.

Les moments de solitude chez les personnes autistes leur permettent aussi de restaurer leur énergie et de moins solliciter leurs sens qui peuvent être mis à rude épreuve dès qu’il y a un groupe de personnes.

In solitude, the child does not have a qualitative impairment in social interaction. At least two people are needed for there to be a social interaction, and if the child is alone, there will be no evidence of any social impairment

Tony Attwood, The complete guide, p55

Traduction libre : Seul, l’enfant n’a pas de déficit qualitatif des interactions sociales. Au moins deux personnes sont nécessaires pour qu’il y est une interaction sociale, et si l’enfant est seul, il n’y aura aucune preuve d’un déficit social.

Néanmoins, si les personnes peuvent avoir envie et besoin de se retrouver seules à certains moments, cela ne signifie pas qu’elles n’apprécient pas de créer des relations sociales avec autrui. C’est simplement que comme la plupart des éléments du monde social, l’amitié ou l’amour sont complexes à comprendre et à entretenir.

Tony Attwood note que les enfants autistes Asperger ont tendance à être trop effacés ou trop dominants/directifs dans leur relation d’amitié.

Pourtant les recherches mettent en évidence que les enfants sans amis ont plus de difficultés sociales et émotionnelles, une faible estime de soi et développent des troubles anxieux ou dépressifs (Hay, Payne and Cadwick 2004).

L’isolement social favorise aussi le risque de harcèlement, que ce soit pour les enfants ou les adultes autistes.

Plusieurs outils existent pour aider les personnes autistes à créer des relations : comme les histoires sociales, un intérêt spécifique commun, ou la médiation d’un professionnel.




Les péripéties d’Alice : le monde du travail

 

Les péripéties d'Alice : le monde du travail épisode 2, l'entretien d'embauche
Les péripéties d’Alice : le monde du travail épisode 2, l’entretien d’embauche

 

Un des premiers obstacles à l’entrée des personnes autistes dans le monde du travail est l’entretien d’embauche.

Dernière ce qui peut paraitre comme un échange d’informations classiques pour qui cherche un emploi, se joue en réalité un exercice extrêmement complexe pour les personnes autistes.

En effet, l’entretien d’embauche fonctionne selon des règles précises qui demandent à mettre en avant ses compétences tout en minimisant ses défauts. C’est un exercice qui demande un savoir-être particulier et pour lequel le recruteur est attentif au moindre détail.

Quelques points peuvent mettre en difficulté les personnes autistes :

  • Adapter son image de soi : mettre des vêtements appropriés selon l’emploi recherché (on ne s’habillera pas de la même manière pour un emploi de paysagiste que si on postule dans une banque) et soigner sa coiffure et avoir une bonne hygiène générale.
  • Répondre franchement aux questions et ne pas réussir à atténuer les éléments qui seraient mal perçu par le recruteur.
  • Comprendre qu’il y a des éléments de fonctionnement qui sont socialement mal perçus dans certains emplois (être timide, avoir des difficultés pour entrer en contact avec autrui, être en difficulté pour travailler en équipe…).
  • Savoir mettre en avant ses compétences et pouvoir les expliciter.
  • Les mouvements stéréotypés qui sont mal perçu socialement la plupart du temps, comme le fait de se balancer ou de bouger ses mains.
  • Savoir répondre à des questions vagues du type « parlez moi de votre parcours », « parlez moi de votre emploi précédent ». Les personnes autistes ont souvent besoin de questions plus précises et structurées pour comprendre ce qui est attendu par leur interlocuteur.
  • Devoir justifier un parcours dans le monde travail complexe avec des changements d’employeurs multiples et de longues périodes d’inactivités qui soulèvent de la suspicion du recruteur

 

Il existe des dispositifs de job coach pour les personnes autistes afin de les accompagner dans les diverses étapes de l’emploi y compris la recherche d’emploi et l’entretien d’embauche. Cela permet également de sensibiliser l’entreprise où sera accueillie la personne et de prendre en compte ses besoins pour adapter au mieux l’environnement de travail.




Les péripéties d’Alice

Les personnes autistes ont des difficultés à trouver le sommeil et à le conserver. Cette problématique est au coeur des préoccupations des personnes autistes et de leur famille, pourtant elle a été jusque là peu étudiée comparativement à d’autres pathologies associées.

Selon une étude de Goldman S.E. (et al. Dev. Neuropsychol.), 44 à 86 % des enfants autistes ont des troubles du sommeil contre 10 à 16 % dans la population normale. Les personnes autistes sont sujettes aux insomnies, il leur faut en moyenne 11 minutes de plus que les personnes non autistes pour s’endormir, et beaucoup d’entre-elles se réveillent fréquemment et à plusieurs reprises durant la nuit.

Le manque de sommeil a des conséquences directes sur les personnes autistes et notamment sur leurs capacités sociales. Les enfants autistes qui souffrent de troubles du sommeil ont plus de comportements stéréotypés et performent moins bien aux tests d’intelligence. Ils ont également plus de difficultés à se concentrer.

Les péripéties d'Alice : une nuit d'insomnie
Les péripéties d’Alice : une nuit d’insomnie

Les péripéties d'Alice : une nuit d'insomnie
Les péripéties d’Alice : une nuit d’insomnie