Le projet Chatounets : les difficultés de planification

Les difficultés de planification appartiennent au domaine des fonctions exécutives (FE) qui sont un ensemble de processus cognitifs dit de haut niveau, qui permet une adaptation de l’action dans un contexte nouveau et donc un ajustement de l’action face à son environnement. Elles comprennent en plus des capacités de planification, le fluidité mentale, la formation de concept, la mémoire de travail et l’inhibition de la réponse. 

Le projet Chatounets : les difficultés de planification

La planification est une opération complexe et dynamique dans laquelle une séquence d’actions programmées doit être constamment surveillée, réévaluée et mise à jour. Les personnes autistes ont souvent de moins bons résultats lors des tests de planification, tels que la tour de Londres.

Evaluer les tâches de planification ?

Que sont les tests de la tour de Londres et la tour d’Hanoï ?

L’exercice classique utilisé pour évaluer la planification est la tour de Hanoi, ou la tour de Londres (ToL), dans laquelle les individus doivent déplacer les disques d’une séquence préétablie sur trois piquets différents pour correspondre à un objectif déterminé par l’examinateur. Cela doit être fait en utilisant le moins de coups possibles et en suivant plusieurs règles spécifiques. Les modèles sont conçus pour être terminés en deux mouvements ou plus, ce qui augmente le niveau de difficulté de la tâche.  La tâche de la tour de Hanoï est identique à la ToL sauf que les disques varient en taille et que les chevilles sur lesquelles ils sont placés ont chacun une taille identique.

On retrouve également des difficultés de planification chez  les personnes dyslexiques, TDAH ou avec un syndrome de Gilles de la Tourette.

Une version informatisée des tests de la Tour de Londres et Hanoï, appelée « Stockings of Cambridge » permet d’en apprendre davantage sur les aspects spécifiques de ces difficultés de planification chez les personnes autistes.

Une étude a comparé les résultats d’un groupe d’enfant et adolescents autistes à deux groupes témoins. Le premier groupe témoin était constitué d’enfants au développement typique du même âge et ayant le même niveau de difficulté d’apprentissage. Le deuxième groupe était constitué d’enfants au développement typique plus jeunes. 

Le groupe des enfants autistes a obtenu de moins bons résultats que les deux groupes témoins. Cependant les résultats étaient plus marqués pour les séquences longues qui requièrent le plus de mouvements.

Une autre étude (Untterrainer 2015) a analysé les capacités de planification chez les enfants autistes de 6 à 13 ans comparativement à plusieurs groupes témoins : des enfants au développement typique, des enfants TDAH et des enfants autistes et TDAH.

Des temps de planification plus courts et moins ajustés à la demande ont été observés chez les enfants  TDAH. Ils pourraient résulter d’un comportement impulsif avec pour conséquence moins de temps consacré à la planification [Marzocchi et al., 2008; McCormack & Atance, 2011]. En revanche, les augmentations les plus fortes des durées de planification liées à l’âge ont été observées chez les enfants autistes, ce qui correspond à leur rigidité postulée et à leur tendance à rester bloqué dans un ensemble de tâches donné [Hill, 2004].

Les difficultés de planification peuvent avoir un impact important dans la vie de tous les jours des personnes autistes. Les tâches souvent liées à la capacité de planification sont les suivantes : prendre des RDV et réussir à les honorer, ranger et entretenir son logement, répondre aux messages, mails et aux différentes sollicitations, et plus généralement toute tâche demandant d’organiser, de gérer le temps et de se souvenir de l’information à court terme.

Les personnes dont les fonctions exécutives sont atteintes au niveau de la planification peuvent être incapables de réaliser certaines tâches du quotidien (comme faire le vaisselle, ranger une pièce, s’habiller…) ou que cela leur prenne beaucoup plus de temps que ça n’est le cas pour une personne qui ne rencontrerait pas de difficulté dans les FE. 

Cela n’a rien à voir avec un manque de volonté de la personne ou une fainéantise présupposée. 

Retrouvez davantage d’information sur les fonctions exécutives dans cet article

Retrouvez toutes les BD du projet Chatounets sur la page dédiée.

Références : 

Hill, E. L. (2004). Executive dysfunction in autism. Trends in Cognitive Sciences, 8(1), 26–32. doi:10.1016/j.tics.2003.11.003

Unterrainer, J. M., Rauh, R., Rahm, B., Hardt, J., Kaller, C. P., Klein, C., … Biscaldi, M. (2015). Development of Planning in Children with High-Functioning Autism Spectrum Disorders and/or Attention Deficit/Hyperactivity Disorder. Autism Research, 9(7), 739–751. doi:10.1002/aur.1574




Le projet Chatounets : les hyposensibilités

Cet article présente quelques exemples de fonctionnement avec des hyposensibilités chez les personnes autistes.

Dans l’autisme on parle souvent des perceptions sensorielles différentes, mais en général quand on évoque cela, on pense surtout au hypersensibilités : les personnes qui n’aiment pas les sons forts ou les lumières vives par exemple.

Cliquer sur le signe « lecture » en bas à gauche pour activer la vidéo ci-dessous :

Le projet Chatounets : les hyposensibilités

Or, certaines personnes autistes ont des hyposensibilités. Cela correspond à un état où le cerveau ne reçoit pas assez d’informations de son environnement.

Voici quelques exemples des différents sens en mode « hyposenbsibles » :

  • La vue : les personnes peuvent passer leurs mains sur les objets pour reconnaitre ce qu’ils sont. Elles aiment les lumières vives comme les ampoules à forte intensité lumineuse ou fixer le soleil. Elles peuvent être fasciné par les reflets de lumière, et les lumières colorées.
  • L’ouïe : elles recherchent les sons forts, elles aiment la foule, les sirènes de voiture, crasher des objets un contre l’autre pour provoquer du bruit. Elles font aussi parfois du bruit avec leur bouche, vocalisent ou claquent les portes.
  • L’odorat et le goût : les personnes mâchent et sentent les objets, les lèchent, mixent les saveurs et mangent des aliments mélangés.
  • Le toucher : elles peuvent sembler ne pas percevoir la douleur ou la percevoir moins forte et sont moins sensibles aux températures. Elles peuvent se faire mal sans s’en rendre compte. Elles aiment souvent les pressions fortes ou les vêtements serrés.
  • Le système vestibulaire : elles font des mouvements continuent, se balancent, tournent en rond…
  • La proprioception : les personnes qui ont une hyposensibilité proprioceptive ont des difficultés à savoir où se situe leur corps dans l’espace et peuvent être moins alerte de leurs sensations corporelles comme la faim par exemple. Elles se cognent contre les personnes, les meubles ou les murs.

Les hyper-hypo sensibilités peuvent occasionner des stimulations sensorielles qui ne sont pas toujours comprises : rechercher des odeurs fortes qui sont désagréables pour la plupart des gens ou se blesser volontairement.

Il est vain d’essayer de stopper ces comportements sans en proposer un autre de même fonction en remplacement.

Pour reconnaitre la présence d’hyper-hypo sensibilités, il existe différents outils de mesure qui permettent de déterminer un profil sensoriel de la personne.


Sensory perceptual issues in autism and Asperger syndrome, Olga Bogdashina, 2016, Jessica Kingsley Publisher




Le projet Chatounets : les stéréotypies

Le projet Chatounets : les stéréotypies

Les stéréotypies font parties de la définition de l’autisme et appartiennent à une catégorie de comportements que le DSM-5 qualifie de « comportements répétitifs et restreints ». Selon le DSM, ce sont des modèles de comportements, d’intérêts ou d’activités restreints et répétitifs, tels qu’ils se manifestent par au moins deux des éléments suivants, actuellement ou dans l’enfance :

1. Caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage,

2. Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés,

3. Intérêts extrêmement restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité, soit dans leur but,

4. Hyper ou hyporéactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l’environnement.

Berkson définit les stéréotypies selon 5 critères :

  • Comportement volontaire,
  • Manque de variabilité du comportement,
  • Le comportement persiste dans le temps,
  • Le comportement ne change pas selon l’environnement,
  • Il est inhabituel par rapport à l’âge.

Il existe plusieurs sortes de stéréotypies :

  • Les stéréotypies motrices : elles correspondent à des mouvements répétitifs (balancement, flapping,…) ou des maniérismes moteurs (une démarche particulière ou une position du corps inhabituelle)
  • Les stéréotypies liées aux objets : le fait d’utiliser un objet pour une fonction qui n’est pas habituellement la sienne, ou de ne se servir que d’une partie de l’objet (comme ouvrir et fermer une portière d’une petite voiture en jouet). La personne prend souvent l’objet avec elle partout où elle va.
  • Les stéréotypies vocales, aussi appelées écholalies : c’est le fait de répéter un même son ou une même phrase souvent avec la même intonation que le modèle d’origine, comme par exemple une publicité entendue à la radio ou à la télévision
  • Les stéréotypies sensorielles : la recherche de stimulations sensorielles de manière répétée, comme par exemple regarder des lumières vives, rester à côté d’un ventilateur qui fait du bruit

Les stéréotypies ont longtemps été déconsidérées, perçues comme étant un signe extérieur de l’autisme qu’il faudrait supprimer car elles auraient un impacte négatif sur la vie des personnes. Cette analyse ne tient pas compte de la fonction que peuvent avoir les stéréotypies pour les personnes autistes. Ce sont des comportements d’autorégulation qui permettent à la personne autiste de mieux aborder son environnement, notamment lors de moments stressants, elles peuvent aussi servir de moyen de communication. D’une manière plus hédoniste, les stéréotypies peuvent procurer du plaisir aux personnes autistes qui s’y adonnent.

Certaines stéréotypies peuvent devenir trop envahissantes dans la vie des personnes et gêner les apprentissages ou les actes de vie quotidienne, comme se nourrir. Dans ce cas et selon les principes de l’analyse fonctionnelle, il convient de proposer à la personne un autre comportement alternatif qui permette de remplacer la fonction initiale de la stéréotypie pour la personne. Il est déconseillé de simplement supprimer la stéréotypie envahissante car elle a une fonction et c’est donc un besoin pour la personne. Une suppression nette peut entraîner des comportements défis encore plus conséquents pour la personne et son entourage.


Sources :

Reconsidérer les comportements répétitifs au sein de l’autisme 

Priscille MAROT, Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’État de Psychomotricien, Analyse fonctionnelle des stéréotypies d’un enfant porteur d’un Trouble du Spectre Autistique




Le projet Chatounets : l’évaluation de la douleur

Certaines personnes autistes ont des difficultés dans l’évaluation et/ou l’expression de la douleur, rendant la prise en charge de celle-ci difficile.

Le projet Chatounets : l’évaluation de la douleur

Pendant longtemps, les professionnels ont pensé que les personnes autistes étaient insensibles à la douleur. Cela mène à une prise en charge inexistante ou inadaptée de l’évaluation de la douleur chez les personnes autistes et risque de cacher un problème de santé plus important.

Or, le Code de la Santé Publique (art.L11105) indique que toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit en toute circonstance être prévenue, évaluée, prise en compte et traitée.

S’il est vrai que certaines personnes ont une hypo sensibilité à la douleur, d’autres difficultés apparaissent , qui rendent plus difficiles l’évaluation de la douleur chez les personnes autistes :

  • Difficulté à identifier la zone de douleur;
  • Difficulté à identifier la présence de la douleur;
  • Difficulté d’expression de la douleur;
  • Difficulté à exprimer l’intensité de la douleur.

Quelques solutions possibles :

  • Pour identifier la zone de douleur, vous pouvez utiliser un dessin du corps, une poupée ou montrer sur votre propre corps;
  • Pour identifier la présence de douleur, vous pouvez observer les changements de comportement (personne irritable sans raison apparente, se tient dans une position inhabituelle, repli sur soi) et les signes cliniques (apparition d’un bleu, d’un gonflement, une lésion cutanée, de la fièvre, …). Ce sont souvent les personnes qui vivent avec la personnes autistes (familles ou professionnels éducatifs) qui sont les plus à même de procéder à une évaluation fine des changements de comportement;
  • Pour les difficultés d’expression de la douleur, vous pouvez utiliser des dessins, images, photographies, signes, tout mode de communication alternatif permettant à la personne d’exprimer une douleur;
  • Pour définir l’intensité de la douleur il existe des échelles adaptées permettant à la personne autiste de mieux appréhender cette notion, mais cela reste difficile.

Les échelles de douleur adaptées au handicap :

  • ESDDA (Echelle Simplifiée d’évaluation de la Douleur chez les personnes Dyscommunicantes avec troubles du spectre de l’Autisme) pour les personnes autistes non verbales;
  • DESS (Douleur Enfant San Salvadour) : enfants polyhandicapés, et/ou trouble de la communication;
  • Échelle PPP (Paediatric Pain Profile): enfants et adolescents avec handicap moteur / polyhandicap;
  • Échelle  FLACC-R :  douleur  post-opératoire  chez  des  enfants avec déficience intellectuelle;
  • Échelle  GED-DI :  douleur  chez  des  enfants  avec  déficience intellectuelle (vie quotidienne et post-opératoire).

Références :

Mémoire sur l’évaluation et prise en charge de la douleur chez les personnes autistes, Cécile RATTAZ

La douleur des personnes avec autisme, document du CRA d’Alsace

Le Site internet Autisme Infos Services




Les Chatounets confinés

Face à la pandémie de covid-19, les personnes autistes sont comme tout le monde confinées à leur domicile ou dans les établissements où elles sont hébergées.

Les personnes autistes étant diverses, certaines
s’accommodent bien de cette situation et d’autres moins.

Certaines apprécient le fait d’être moins stimulées au niveau sensoriel, de rester chez elles dans un environnement familier et d’avoir moins de contacts avec les autres personnes et le monde extérieur car cela peut être aversif pour les personnes autistes.

Pour d’autres personnes, la situation est plus difficile à vivre : elles sont confinées et cela bouscule les routines et les habitudes, la solitude peut être difficile à vivre.

A la situation sanitaire anxiogène et la peur de tomber
malade s’ajoute le fait que les contours des restrictions sont imprécis et il
n’y a pas de date de fin qui permettrait de mieux se repérer dans le temps et
de prévoir la sortie du confinement.

Il y a aussi le cas non négligeable de toutes les personnes
autistes qui ont un réel besoin de sortir en extérieur au-delà du temps
initialement imparti d’une heure à un kilomètre de chez soi. En cela
l’intervention du Président de la République à l’occasion de la journée de l’autisme
et l’assouplissement des règles en la matière ont été une véritable bénédiction
pour beaucoup de personnes autistes et leur famille.

Plusieurs ressources ont été mises en œuvre pour accompagner les personnes autistes confinées et l’objectif de ce court article est d’en recenser les principales pour vous les mettre en disposition :

En espérant que ces quelques
liens vous apportent des ressources utiles et intéressantes pour mieux gérer le
confinement et les problématiques qui y sont associées.

N’hésitez pas à poster en
commentaire de cet article d’autres liens vers des ressources qui seraient
susceptibles d’aider les personnes autistes ou leurs
proches.




Le projet Chatounets : le TDAH

Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental, caractérisé par des schémas globaux d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité inappropriées à l’âge entraînant une difficulté importante de fonctionnement.

Le projet Chatounets : le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

Les enfants ayant un TDAH peuvent présenter les comportements suivants :

  • ne prêtent pas attention aux détails ou font des fautes d’étourderie
  • ont des difficultés à soutenir l’attention et se concentrer, peuvent refuser de faire leurs devoirs ou des tâches demandant de la concentration
  • ils commencent souvent un travail ou une tâche et se perdent en route, font autre chose
  • ils peuvent mal gérer la notion de temps ou l’organisation des tâches, comme commencer un exercice par la fin ou dans le désordre
  • perdent des objets nécessaires à leur travail
  • se laissent facilement distraire par leur environnement
  • remuent souvent les mains ou les pieds
  • courent ou grimpent partout dans des situations où ca n’est pas approprié
  • ont des difficultés à attendre leur tour
  • interrompent les autres ou répondent avant que la question ne soit entièrement posée

Le TDAH et le trouble du spectre de l’autisme vont souvent de paire. De plus, il existe un chevauchement comportemental, biologique et neuropsychologique entre les deux conditions. Il existe également plusieurs différences importantes entre les troubles du spectre autistique et le TDAH.

Auparavent, dans le DSM-IV et la CIM-10, un diagnostic d’autisme ou de syndrome d’Asperger excluait un diagnostic de trouble de déficit de l’attention / hyperactivité (TDAH). Cela a changé avec le DSM-5.

Le TDAH a une prévalence combinée mondiale de 5,29% (1) dans l’enfance avec un ratio global masculin/féminin approximatif de 2 pour 1 (2). La recherche montre que le TDAH et l’autisme se chevauchent fréquemment (3), et, malgré des différences dans les manifestations cliniques, peuvent en partie dépendre d’un même fonctionnement neuronal.

Les enfants TDAH et les enfants autistes, rencontrent des particularités communes comme des troubles du sommeil, une réduction de la coordination et de l’équilibre moteur, et des déficits dans les fonctions exécutives, notamment au niveau de la flexibilité cognitive et de la planification.

Les TSA et le TDAH sont tous deux des conditions neurodéveloppementales très héréditaires, et environ 70 à 80% de la variance phénotypique de chaque trouble peut être expliquée par des facteurs génétiques (Faraone et al.2005; Freitag et al.2010b; Lichtenstein et al.2010) . Des études basées sur la famille ont montré une augmentation des symptômes de l’autisme chez les frères et sœurs de personnes ayant un TDAH ce qui indique une co-occurrence des symptômes de l’autisme et du TDAH (Mulligan et al.2009).

Retrouvez plus d’information sur le site internet de l’associaiton TDAH France.


Références :

1. Polanczyk G, de Lima MS, Horta BL, Biederman J, Rohde LA. The worldwide prevalence of ADHD: a systematic review and metaregression analysis. Am J Psychiatry. 2007

2. Bahmanyar S, Sundström A, Kaijser M, von Knorring AL, Kieler H. Pharmacological treatment and demographic characteristics of pediatric patients with Attention Deficit Hyperactivity Disorder, Sweden. Eur Neuropsychopharmacol. 2013

3. Ghirardi L, Brikell I, Kuja-Halkola R, et al. The familial co-aggregation of ASD and ADHD: a register-based cohort study. Mol Psychiatry. 2018




Les Chatounets amoureux

Construire une relation amoureuse n’est pas toujours simple pour les personnes autistes. Si cela peut être complexe pour tout le monde, s’ajoutent ici les difficultés liées à l’autisme.

Le projet Chatounets : les relations amoureuses

Si on a longtemps pensé que les personnes autistes, et de manière plus générale celles en situation de handicap, n’avaient pas de souhait d’accéder à des relations amoureuses et/ou sexuelles, la plupart des recherches récentes viennent contredire les préjugés existants en la matière. Environ 47 % des adultes autistes partagent leur maison – et leur vie – avec un partenaire (1).

Oui, les personnes autistes peuvent ressentir des émotions et aimer ou s’attacher à d’autres personnes et avoir une relation amoureuse. Elles pourront par contre ne pas toujours reconnaître les signaux sociaux envoyés par une autre personne. Elle peuvent aussi ne pas toujours reconnaître leurs propres émotions.

Initier et maintenir une relation amoureuse et les obligations sociales qui en découlent, comme interagir socialement avec la famille ou les amis du partenaire, avoir de bonnes habiletés dans la communication et la capacité à prendre en compte le point de vue de l’autre, sont des domaines avec lesquels les personnes autistes ont souvent des problèmes.

Les difficultés de prise de décision, le manque de flexibilité, l’auto-absorption, la dérégulation émotionnelle et les sensibilités sensorielles entravent encore les tentatives des personnes TSA pour établir des relations amoureuses

Strunz, S , références en bas de page

Une autre difficulté peut être liée à l’aspect de la perception sensorielle chez les personnes autistes, notamment en ce qui concerne le toucher et la proximité physique. Les personnes autistes n’aiment parfois pas être touchées ou alors il faut les prévenir avant et qu’elle puisse voir la personne qui les touche pour ne pas être surpris. Une étreinte ou un baiser peuvent être des situations difficiles à gérer pour une personne autiste.


Références :

Gotham, K., Marvin, A. R., Taylor, J. L., Warren, Z., Anderson, C. M., Law, P. A., … Lipkin, P. H. (2015). Characterizing the daily life, needs, and priorities of adults with autism spectrum disorder from Interactive Autism Network data. Autism19(7), 794–804.

Strunz, S., Schermuck, C., Ballerstein, S., Ahlers, C. J., Dziobek, I., & Roepke, S. (2017). Romantic Relationships and Relationship Satisfaction Among Adults With Asperger Syndrome and High‐Functioning Autism. Journal of Clinical Psychology, 73(1), 113-125.




La résistance aux changements

Beaucoup de personnes autistes ont une résistance aux changements, éprouvent des difficultés lors de certains types de changements ou ont des rigidités de fonctionnement.

Le projet Chatounets : la résistance aux changements

Cette résistance aux changements fait partie des caractéristiques de l’autisme, elle est classée dans les comportements répétitifs et restreints, qui sont un critère de diagnostic de l’autisme.

Ce schéma illustre les différentes catégories de comportements répétitifs et restreints.

Selon Peter Vermeulen, cette résistance aux changements est liée au fait que les personnes autistes perçoivent le monde comme chaotique et désorganisé à cause du mode de traitement de l’information de leur cerveau. Ainsi, ils sont à la recherche de règles et de scriptes pour établir des repères.

Les personnes autistes s’attachent surtout aux routines qu’elles ont crées elles-mêmes ou qui les concernent directement et peuvent être moins sensibles lorsque ce sont les autres qui changent leurs habitudes.

Afin de mettre de l’ordre dans le monde qui les entoure, les personnes autistes peuvent créer des routines par association. Par exemple, s’asseoir toujours à la même place pour manger ou aller boire un café tous les lundis après le travail. Ces règles deviennent des routines rassurantes et c’est lorsque celles-ci ne peuvent être mises en place que la résistance aux changements et les rigidités prennent de l’ampleur.

Au final, toutes les personnes, autistes ou non autistes créent des rituels pour rythmer leur vie. Mais chez les personnes autistes, ceux-ci occupent une place plus importante et les conséquences en cas d’impossibilité à les maintenir sont plus visibles que chez les personnes non autistes.

Selon les personnes, la résistance aux changements peut se manifester de plusieurs manières :

  • questions incessantes sur les raisons du changement
  • protestations
  • anxiété pouvant aller jusqu’à la crise d’angoisse
  • agressivité/colère

Les changements sont une vraie menace pour les personnes atteintes d’autisme, si rien ne se passe comme prévu ou comme leurs règles et leurs scriptes l’exigent, elles se sentent profondément déstabilisées et sont mal à l’aise

Peter Vermeulen

Il est a noté toutefois qu’en matière d’autisme aucun comportement ne saurait s’appliquer à toutes les personnes autistes de la même manière. Ainsi, certaines personnes autistes apprécient le changement (faire une nouvelle activité, réorganiser l’agencement des meubles…), mais c’est plus souvent le cas lorsque celui-ci est initié par elles.


 Comprendre les personnes autistes de haut niveau, Peter Vermeulen, 2013, Dunod 



Le projet Chatounets : les troubles du sommeil

Le projet Chatounets : les troubles du sommeil

Les personnes autistes ont souvent des troubles du sommeil : elles ont des difficultés à trouver le sommeil et à le conserver.

Les personnes autistes sont sujettes aux insomnies, il leur faut en moyenne 11 minutes de plus que les personnes non autistes pour s’endormir, et beaucoup d’entre-elles se réveillent fréquemment et à plusieurs reprises durant la nuit. 

Le sommeil est aussi moins réparateur chez les personnes autistes, elles passent seulement 15 % de leur sommeil au stade des rapid eye movement contre 23 % pour les personnes non autistes. Le rapid eye movement est un stade du sommeil où interviennent les rêves et qui correspond au sommeil paradoxal.

Le manque de sommeil a des conséquences directes sur les personnes autistes et notamment sur leurs capacités sociales. Les enfants autistes qui souffrent de troubles du sommeil ont plus de comportements stéréotypés et performent moins bien aux tests d’intelligence. Ils ont également plus de difficultés à se concentrer.

Certaines solutions peuvent être mises en place assez facilement pour les enfants ou les adultes : établir une routine avant le coucher peut permettre de sécuriser ce moment de changement entre deux états (éveillé/endormi, jour/nuit) qui peut être inquiétant pour les personnes autistes et faciliter ainsi l’endormissement. Avoir des horaires d’endormissement et de réveil identiques permet de concrétiser cette routine et de rendre le début et la fin de la journée plus prédictible.

Les troubles du sommeil peuvent aussi être liés au système sensoriel de la personne. Un bilan de profil sensoriel peut être réalisé par un professionnel formé (généralement un ergothérapeute, psychologue, psychomotricien) afin de mettre en oeuvre des solutions adaptées : lumières tamisées ou inexistantes, diminution ou augmentation de la température de la pièce…

En dernier recours, des solutions médicamenteuses peuvent également être envisagées pour accompagner le sommeil. Cela ne peut être abordé qu’avec une analyse des bénéfices/risques pour la personne et avec un médecin spécialisé.


Source :

 Special reports : sleepness in the spectrum, Spectrum news, november 2013 



Difficultés de coordination et maladresse chez les personnes autistes

Les difficultés motrices et de coordination peuvent prendre plusieurs formes et occasionner de la maladresse chez les personnes autistes.

Les personnes autistes peuvent avoir des difficultés à synchroniser les mouvements des jambes et des bras, particulièrement lorsque la personne est en train de courir (Guilbert 1989, Hallett et al. 1993). Un retard d’acquisition est observé dans la petite enfance concernant la marche, et certaines activités demandent une guidance plus importante, comme le fait d’apprendre à lacer ses chaussures, s’habiller ou utiliser les couverts. La motricité fine qui permet de réaliser des activités minutieuses en faisant des mouvements précis peut être impactée. Les enseignants remarquent souvent des difficultés dans les activités de motricité fine comme l’utilisation des ciseaux ou de l’écriture. Les activités demandant une coordination ainsi que le sens de l’équilibre sont acquises plus difficilement, tel que le vélo ou le skateboard. Très jeunes, les enfants autistes peuvent également avoir du mal à situer leur corps dans l’espace et se cognent dans les objets, les cassent ou renversent souvent leur verre ou assiette. Les professeurs d’éducation physique remarquent souvent que les enfants ont des problèmes de coordination et sont peu performant dans leur capacité à attraper, jeter, ou frapper une balle.

Un article récent diffusé ce mois-ci dans la revue Spectrum News explique que le pourcentage de personnes autistes concernées par les difficultés de coordination motrice varie selon les études entre 50 et 80 % et pourrait être sous estimé. Une meilleure détection permettrait de mettre en place des solutions lorsque ces problèmes deviennent trop importants.

Ces difficultés motrices et de coordination entraînent une maladresse chez les personnes autistes dans les actes quotidiens de la vie qui peut aboutir à une mise à l’écart sociale, soit parce que l’enfant perçoit qu’il est moins bon que ses camarades dans ces domaines et se met à l’écart, soit que ses paires l’écartent des jeux par manque de performance de sa part.

Les difficultés de coordination motrice

Sources :

Asperger’s syndrome : the complete guide, Tony Attwood, 2007, Jessica Kingsley Publisher

Autisme, comprendre et agir, Bernadette Rogé, 2008, Dunod