Les complications durant la grossesse augmentent le risque d’autisme

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Deux nouvelles études suggèrent que les complications durant la grossesse telles qu’une pression sanguine élevée, des saignements anormaux au moment de l’accouchement, l’accouchement par césarienne ou les naissances prématurées pourraient augmenter le risque d’autisme.

Une des études précise que plus les complications durant la grossesse sont importantes, plus la forme d’autisme sera sévère.

La première étude publiée dans Autism (Chien Y.L. et al. Autism Epub ahead of print, 2018, PubMed) suggère que les frères et soeurs d’enfants autistes présentent souvent les mêmes complications.

« Nous avons toujours étudié les facteurs prénataux dans l’autisme et les sujets contrôles, mais nous ne regardons pas vraiment les frères et sœurs (…) La recherche justifie un examen plus approfondi de la façon dont le profil génétique d’un individu interagit avec les déclencheurs environnementaux pour façonner le risque d’autisme »

dit la chercheuse en chef Susan Shur-Fen Gau, professeure de psychiatrie à l’université nationale de Taiwan.

La seconde étude, parue dans Pediatrics (Agrawal S. et al. Pediatrics Epub ahead of print, 2018 PubMed), montre que la prévalence de l’autisme parmi les enfants nés prématurément est de 7 %, alors qu’elle n’est que de 1.7 %  dans la population générale.

Ces deux études montrent qu’il existe des preuves sérieuses de l’impact des facteurs environnementaux, notamment ceux qui affectent la grossesse, qui expliqueraient les causes de l’autisme.

Gau et son équipe ont étudié 323 enfants autistes avec une moyenne d’âge de 10 ans et 257 frères et sœurs dans le nord de Taiwan. Ils ont aussi étudié 1504 sujets contrôles, âgés d’environ 8 ans en moyenne.

L’équipe a demandé aux mères si elles avaient connu des complications durant la grossesse ou l’accouchement telles que du diabète gestationnel, une pression sanguine élevée, des saignements anormaux ou un poids peu élevé à la naissance. Pour 15 % des mères interrogées, les chercheurs ont pu vérifier les informations données dans les dossiers médicaux.

22 % des mères d’enfants autistes ont eu des saignements anormaux durant la grossesse contre 9 % des mères d’enfants non autistes. Une grande partie des mères d’enfants autistes a aussi eu une pré éclampsie et un accouchement par césarienne, comparé aux sujets contrôles.

L’étude montre aussi que plus d’enfants autistes avaient un faible poids à la naissance ou ont subi une réanimation, une incubation ou une photothérapie pour la jaunisse après la naissance que les sujets témoins. Le taux de photothérapie montre l’écart le plus important : 78 % les bébés autistes contre 24 % les bébés non autistes.

Les chercheurs ont aussi montré que plus les complications durant la grossesse et l’accouchement sont importantes, plus les déficits en communication et les comportements répétitifs et restreints sont importants.

Mais la connexion entre ces éléments n’est pas claire selon Gau. Le lien pourrait être indirect. Un facteur unificateur tel que l’âge des parents ou une variante génétique pourrait augmenter la probabilité de facteurs prénataux et d’autisme dit Elizabeth Hisle-Gorman, professeure assistante de pédiatrie au Uniformed Services University du Health Sciences à Bethesda dans le Maryland, qui n’était pas impliquée dans la recherche.

Une des faiblesses de l’étude est clairement le fait qu’elle s’appuie sur les souvenirs des mères durant la grossesse, qui remontent à une dizaine d’années.

Dans l’étude parue dans Pediatrics, les chercheurs ont conduit une méta-analyse afin d’avoir de la visibilité sur les risques d’autisme liés aux facteurs prénataux.

Ils ont assemblé les données de 18 études qui portaient sur les informations recueillies sur des bébés autistes nés entre la 25 ème et 31 ème semaine de gestation. Ils ont conclu uniquement des études utilisant des outils diagnostiques reconnus comme l’ADOS. Ils ont trouvé une prévalence de 7 % de bébés autistes sur un échantillon  de 3366 enfants. Ce taux est significativement plus élevé que dans la population générale.

Contrairement à d’autres rapports, l’étude de Rao n’a pas trouvé d’association entre des temps de gestation courts ou un faible poids à la naissance et un risque d’autisme. Cependant, les études incluses dans son analyse varient considérablement en taille et en âge auquel les enfants ont reçu des diagnostics d’autisme, facteurs qui ont pu influencer les résultats.


Sources :

Complications during pregnancy may contribute to autism risk, Spectrum News, Rachel Zamzow, August 2018

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