Un profil type chez les personnes autistes selon les caractéristiques autistiques

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Les caractéristiques de l’autisme se manifestent par des troubles de la communication et des interactions sociales ainsi que des comportements répétitifs et restreints.

Cette étude montre que les enfants autistes ont tendance à se situer plus dans l’une ou l’autre de ces caractéristiques et qu’un profil type chez les personnes autistes pourrait se dégager en fonction de cette catégorisation. Les résultats suggèrent que chacun de ces traits de l’autisme est hérité indépendamment.

Nous constatons que l’autisme est véritablement dimensionnel (…) Vous pouvez avoir deux personnes qui se présentent vraiment très différemment, mais sont malgré tout autistes.

Matthew Lerner, co-chercheur principal, professeur agrégé de psychologie, psychiatrie et pédiatrie à l’Université Stony Brook de New York

Les résultats de cette étude statistique correspondent à la manière dont les professionnels observent l’autisme d’un point de vu clinique, explique James McPartland, professeur associé en psychologie de l’enfant et psychiatrie à l’université de Yale.

Vous devez comprendre [l’autisme] en terme de profil des forces et des vulnérabilités d’une personne, a déclaré.

McPartland 

Les chercheurs ont analysé les réponses des parents à un questionnaire comportant 12 items, le Child and Adolescent Symptom Inventory afin de voir s’il existait un profil type chez les personnes autistes. Il y a eu 3825 réponses concernant des enfants et adolescents âgés de 8 à 22 ans. Sur l’ensemble des participants, 1043 ont un diagnostic d’autisme. Les autres enfants et adolescents ont une déficience intellectuelle ou d’autres conditions psychiatriques.

L’équipe a ensuite ressemblé les réponses qui semblaient être de même nature. Par exemple ils ont mis dans la même catégorie les enfants et adolescents qui avaient une manière inhabituelle de se lier aux autres et ceux qui ont des difficultés à jouer avec les autres. Mais ils ont mis dans une autre catégorie les enfants qui parlaient d’une étrange manière, car ce comportement n’est pas de même nature que les difficultés précédemment évoquées. Un profil type chez les personnes autistes semble donc se dégager de cette étude.

L’analyse suggère que les traits d’une catégorie, tels que la communication, ont tendance à se regrouper plutôt qu’à ceux des deux autres catégories. Cette tendance est vraie pour l’autisme et pour d’autres conditions, y compris le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention et les troubles d’apprentissage. Les chercheurs ont confirmé la tendance dans un autre groupe de 2 503 enfants référés pour des troubles psychiatriques.

Les difficultés de communication et les déficits sociaux des personnes autistes semblent liés mais distincts. Cette idée va à l’encontre des critères de diagnostic actuels, qui fusionnent les traits (Une version précédente du manuel de diagnostic les répertoriait séparément).

Sur le plan conceptuel, il peut être préférable de penser aux déficits de communication, bien qu’ils impliquent des interactions sociales, en tant que groupe distinct de caractéristiques de l’autisme.

déclare le co-chercheur principal Kenneth Gadow, professeur de psychiatrie et de santé comportementale à l’Université Stony Brook.

Cependant, d’autres experts sont en désaccord avec cette théorie. Les évaluations cliniques des personnes autistes suggèrent que ces deux catégories sont étroitement liées, explique Catherine Lord, professeure distinguée en psychiatrie et en éducation à l’Université de Californie à Los Angeles. (Lord était membre du groupe de travail qui a défini les critères de diagnostic actuels.)

Ces scores ne sont pas totalement indépendant, et c’est un des aspects les plus important de l’autisme.

Catherine Lord

D’autres disent que les résultats de l’étude sont limités par les données. Le questionnaire est conçu pour détecter uniquement les trois traits identifiés, ce qui rend l’analyse circulaire, explique Stephen Kanne, professeur de neuropsychologie pédiatrique à l’Université du Missouri en Colombie, qui n’a pas participé à l’étude.

L’étude parut dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry a étudié la prévalence des Caractéristiques de Communication Atypiques (CCA). Une analyse de classe latente a été menée pour voir si les modèles de CCA donnaient des sous-groupes utiles sur le plan clinique chez les jeunes autistes.L’échantillon se compose de jeunes de 6 à 18 ans (N = 947; âge M = 11,41; hommes 72%; caucasiens 84%) avec et sans TSA.

Les résultats montrent que les enfants autistes sont plus susceptibles d’avoir au moins une des 13 caractéristiques de communication atypiques que les enfants ayant d’autres troubles. Ces caractéristiques incluent la répétition de mots ou d’expressions, le bégaiement et l’inversion des pronoms.

Les résultats suggèrent que l’existence d’un profil type chez les personnes autistes est une caractéristique importante du phénotype clinique des TSA et pourrait constituer un facteur utile pour définir plus précisément les caractéristiques de l’autisme.

Les chercheurs tentent d’utiliser l’approche statistique pour identifier des sous-groupes d’enfants autistes.

Référence : Three spectrums, not one, may define autism, Jessica Wright / January 2019

Cet article a 6 commentaires

  1. Elisa

    Merci pour votre article. La question des sous-typages de l’autisme m’apparaît comme très intéressante, et cette étude montre vraiment l’existence d’un spectre -au moins- en trois dimensions. C’est fascinant. Et je dois dire que les découvertes faites, et même si elles concernent des enfants, corroborent mon expérience subjective de l’autisme, que ce soit chez moi ou chez les autres.

    1. Phantom

      Oui je trouve le concept de profil-type intéressant, notamment pour permettre d’adapter les apprentissages et les outils parce qu’il y a beaucoup de diversité dans l’autisme. Il ne faut simplement pas que cela dérive en hiérarchisation entre les catégories. Contente que l’article vous ait été utile 🙂

  2. Bouchama Hakim

    mon enfant a 2 ans et 5 mois il a des difficulté a parler , s’exprimer , es que ses des symptôme d’un enfant qui soufre d’autisme.
    a 2 mois déjà il a eu un problème de convulsion qui a été traiter pondant 6 mois , il ne soufre plus de se problème après que le pédiatre luis a prescrit du parkinan. .

    1. Phantom

      Bonjour, si vous pensez que votre enfant est autiste vous pouvez vous adresser au Centre de Ressources Autisme de votre région. Il y a en a un dans chaque région et ils sont spécialisés dans ce domaine. Ils pourront vous accompagner dans les démarches du diagnostic. Ils pourront aussi peut être vous conseiller des outils pour aider à développer le langage ou à mettre en place un mode de communication alternatif, comme des images ou des signes.

  3. Marie

    Merci pour l’article.
    Il semblerait d’après les témoignages nombreux de personnes autistes qui ont témoigné en décrivant leur propre comportement; avec des nuances singulières propres à chacun!
    qu’ il y a une phobie à la puissance xxxx par rapport au monde environnant: il est vécu comme immensément menaçant comme s’il s’abattait sur eux « à la vitese d’une impacte » et encore l’identité du corps n’est pas certaine d’où le fait de se frapper pour se ressaisir de son contour et les gestes répetitifs d’alignements de jouets ou de tout autre objet ou le fait de rester fasciner par des reflets ou des miroitements, de se boucher les oreilles ou se mettre dans un coin pour se border le corps »… sont autant de gestes destinés à s’auto calmer , cependant la phobie peut se porter aussi ou simultanément à l’intérieur du corps peur « d’un éclatement intérieur » qui provoque des comportements alimentaires: anorexie ou constipation… il se peut aussi que le mimétisme gestes ou mimiques de quelqu’un dans l’entourage fournissent une identité provisoire … lire Temple Grandin( qui a conçu une machine qui la « borde » et la calme et Donna Williams…..entres autres témoignages

    1. Phantom

      Merci pour votre commentaire. J’ai lu « thinking in picture » de Temple Grandin et « Nobody, Nowhere » de Donna Williams. Elles sont parmi les premières personnes autistes dont le témoignage a eu un large impacte auprès du grand public. Leur apport, notamment au niveau de l’explication des perceptions sensorielles est fondamental et a permis d’orienter la recherche vers un champ peu investigué à l’époque.

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